Un étrange cheval [ je sais, le titre est pourri... ]

L’orage grondait par cette nuit d’hiver. Aucune étoile ne scintillait dans le ciel noir d’encre. Le vent soufflait sans relâche depuis deux bonnes heures, déviant la trajectoire de la pluie, incessante elle aussi. Régulièrement, les volets en bois claquaient contre la fenêtre de la chambre. Le vacarme des éléments déchaînés empêchait Maëlle de dormir. Elle se tournait et se retournait dans son lit depuis qu’elle s’était couchée. Un peu irritée, elle se redressa et décida de se lever. Tentant de ne pas faire grincer le plancher, elle se rendit à sa fenêtre et ouvrit les volets. Sa maison était située légèrement en amont de la plage et toute la face sud - dont faisait partie sa chambre - avait vue sur la mer. Le front appuyé contre la vitre, elle resta contempler la plage. Elle était déserte. Rien d’étonnant au vu de l’heure et de la météo. Mue par une inspiration soudaine, elle quitta sa chambre et enfila un ciré et des chaussures. La porte d’entrée poussa un léger gémissement quand elle s’ouvrit mais l’adolescente veilla à la refermer sans un bruit pour ne pas réveiller ses parents. Elle courut sur le sable mouillé, un léger sourire flottant sur ses lèvres. La pluie lui cinglant le visage et se déposait sur ses cheveux. La jeune fille se réfugia dans une cavité profonde, formée par des rochers. Elle s’assit en tailleur et focalisa son regard sur l’océan. La mer était démontée. Les vagues montaient jusqu’à plusieurs mètres de hauteur avant de se briser contre les récifs ou la plage dans d’impressionnantes gerbes d’écume. Le spectacle avait quelque chose de fascinant et Maëlle ne pouvait en détacher les yeux. Elle resta immobile pendant de longues minutes, voire de
longues heures. Elle avait perdu la notion du temps. La tempête faisait rage, encore et encore quand, du coin de l’œil, la jeune fille aperçut un éclat argenté. Elle tourna brusquement la tête afin de découvrir ce qui avait provoqué cet éclat. Elle vit une sorte d’animal courant sur les vagues, sautant par-dessus. Elle l’observa plus attentivement et se rendit compte que c’était un cheval. Un cheval argenté qui galopait la crinière au vent. Maëlle en resta bouche bée. Il était magnifique... Mais c’était impossible ! Les chevaux ne sont pas de cette couleur et ne peuvent marcher sur l’eau.

- Toi aussi, tu le vois ? s’enquit une voix venant du fond de la cavité.

La jeune fille sursauta violemment et se retourna. Devant elle se tenait un adolescent d’une quinzaine d’années. Les cheveux bruns courts, les yeux chocolats, un nez un peu trop grand, un sourire moqueur au coin des lèvres… Un gars au physique banal et qui ne se prend pas au sérieux, pensa aussitôt Maëlle. Elle adorait deviner la personnalité des gens au premier contact.

- Qui es-tu ? demanda t-elle en enroulant une mèche de cheveux blonds autour de son doigt, signe qu’elle était gênée.
- Je m’appelle Romain. Et toi, c’est Maëlle.

Elle acquiesça.

- Comment tu le sais ?
- Tout le monde te connaît ici.
- Tu es du coin ? s’étonna t-elle. Je ne t’ai jamais vu…
- J’habite la maison en pierre au coin de la route.
- Ah bon ? Mais je croyais qu’elle était abandonnée !
- Non, mais je n’aime pas trop sortie la journée. Je suis un solitaire.

Le silence s’installa entre eux, rompu seulement par le mugissement du vent. Romain reprit la parole :

- Tu le vois aussi, n’est-ce pas ?
- De quoi ? Le cheval ?
- Pour moi, il a la forme d’un aigle. Il apparaît différemment à chacun et il ne se montre qu’aux personnes qui le méritent.

Ils se turent à nouveau, observant le cheval-aigle jouer avec la mer. Ils restèrent là, longtemps. Les contours de Romain devenaient flous… Il palissait à vue d’œil…

- Hé ! Qu’est-ce qui se passe ? s’inquiéta Maëlle.

Pour toute réponse, Romain lui adressa un sourire. Elle se leva et tendit la main vers l’adolescent. Ses doigts ne rencontrèrent que le vide.

Elle se réveilla brusquement et découvrit avec surprise qu’elle se trouvait dans son lit.

- Mais alors, murmura t-elle pour elle-même, ce n’était qu’un rêve ?

Elle effleura ses cheveux. Ils étaient mouillés ! Elle repoussa sa couette et se dirigea vers sa fenêtre. Sur la plage, le cheval argenté la regardait, une lueur douce dans les yeux… Il poussa un hennissement et partit au galop en sens inverse. Quelques secondes plus tard, il avait disparu. Maëlle continuait d’observer la mer. Quelque chose lui disait qu’elle irait bien voir de plus
près une certaine maison en pierre au coin de la route dans la journée.

Qu'est-ce que vous en pensez? Personnellement, je suis un peu déçue, je pensais faire mieux...