Un petit texte que j'ai écrit pour les Défis littéraires du blog
Prix Clara. Il fallait (enfin, si on voulait) utiliser les mots : dragon, variable, procrastination, philanthrope et électrostatique (que je n'ai pas réussi à placer). Je n'en suis pas vraiment satisfaite mais je ne sais pas quoi modifier alors si vous pouviez m'aider, ça serait sympa!
Mes doigts caressent les touches du piano sans appuyer. Ils vont et viennent sans but précis, semblant exécuter un gracieux ballet. Les yeux clos, je recherche l’inspiration, la force qui me poussera en avant, guidera mes mains et me fera interpréter de magnifiques mélodies, belles à pleurer. Une note résonne dans l’instrument, puis une seconde. Do, Mi, Sol… Elles se suivent, trop détachées les unes des autres, sans harmonie.
Tandis que je continue de jouer, mes yeux se rouvrent et mon regard balaie la salle dans laquelle je me trouve. A part le piano à queue en son centre, elle est entièrement vide. Peu
philanthrope, j’y passe des heures, des heures de solitude. C’est le seul endroit où personne ne viendra me déranger. Mes yeux se posent ensuite, sans les voir, sur mes mains fines aux longs doigts. Des mains de pianiste, m’a dit un jour mon professeur de musique. Oui, bien sûr, songé-je avec amertume. Je maîtrise parfaitement la technique, mais jouer avec mon cœur, c’est au-dessus de mes moyens. Je n’y parviens pas. Ce n’est pas faute d’avoir essayé pourtant ! Donc oui, mes mains semblent avoir été créées pour jouer de cet instrument mais mon cœur demeure fermé, étranger à la musique. Quand à mon inspiration, elle est fluctuante,
variable. Les portes de la création me sont depuis toujours fermées, proches mais inaccessibles. La musique naît dans les tréfonds de mon âme – je la trouve belle à cet instant là - mais elle n’atteint jamais les touches. J’ai souvent l’impression absurde qu’une créature, une sorte de
dragon, sommeille dans mon buste et dévore la musique ne lui laissant pas la possibilité de s’exprimer à travers l’instrument. Une impression stupide mais qui me semble si réelle ! Déçue encore une fois par ce pitoyable résultat, je cesse de jouer – enfin si l’on peut appeler ce que je fais comme cela – et me lève. Suivant mon habituelle
procrastination, je quitte la pièce sans me retourner, en pensant faire mieux le lendemain.